Affaires
Le logement social s’est mal vendu cet été
L’annonce de logements à 120 000 DH a créé un attentisme.
Le moyen et haut de gamme a trouvé preneur.
Le comportement du marché de l’immobilier en juillet et août, une période pendant laquelle on enregistre un pic des ventes n’a pas déçu, même si l’évolution de la demande est très contrastée en fonction des catégories de logements.
Selon des promoteurs, les produits haut de gamme dans les zones aisées de Casablanca comme Anfa ou le Bd Al Massira, par exemple, ont le vent en poupe.
Pour le logement de moyenne gamme, les promoteurs contactés sont satisfaits des ventes réalisées durant la campagne d’été. Le groupe Biladi a vendu tous les appartements qui lui restaient au niveau du complexe Al Khozama avec une réduction de 20 % sur les prix initiaux. Cette offre promotionnelle a été une réussite d’autant qu’elle a coïncidé avec les conditions avantageuses proposées par les banques pour ce qui est des modalités de crédits, notamment un financement à 100 %.
L’opération de Biladi n’est pas isolée. Elle s’explique notamment par le fait que les promoteurs immobiliers se placent de plus en plus dans une logique industrielle. Les délais séparant la phase de construction de celle de la commercialisation des complexes influent sur les intérêts financiers du projet et donc sur sa rentabilité. Ils sont alors préoccupés par une commercialisation rapide des programmes.
D’autres promoteurs immobiliers intervenant dans le logement de moyenne gamme se disent également assez satisfaits des résultats de l’année 2003, et en particulier de la campagne d’été. Néanmoins, ils sont amenés à adapter constamment leurs produits aux besoins de la clientèle et à réduire leurs coûts pour pouvoir aligner leurs prix sur ceux de la concurrence.
Les MRE achètent de moins en moins
En revanche, pour le logement social, le marché a été difficile en 2003. La raison est que l’annonce faite par le gouvernement de lancer des programmes de logements à des prix ne dépassant pas les 120 000 DH a créé un phénomène d’attentisme. Les clients potentiels ont reporté leur acte d’achat pensant pouvoir disposer du même logement HBM (Habitat Bon Marché) à un prix inférieur à 200 000 DH.
Ce phénomène a aggravé les problèmes de mévente rencontrés dans des quartiers connaissant une offre pléthorique de logements sociaux. Des promoteurs sont même obligés de réduire les prix des logements de 200 000 à 180 000 DH pour pouvoir les céder dans les délais requis.
Pour ce qui est de l’effet de l’arrivée des MRE, les avis des professionnels sont partagés. Selon certains : «le pic de l’été tend à s’effacer car les RME achètent moins». Pour d’autres, c’est plutôt la nature des produits recherchés par cette clientèle qui change. D’après les statistiques d’un promoteur de la place de Casablanca, les MRE représentent 11 % de son chiffre d’affaires réalisé sur les logements sociaux entre juin et août 2003. Sur la même période, la part de cette catégorie dans la vente de logements de moyenne gamme monte à 20 %.
Globalement, les promoteurs s’accordent sur le fait que les MRE achètent de moins en moins des logements sociaux pour leur propre compte. Ils aident plutôt un membre de leur famille à en acquérir. Leur centre d’intérêt s’est déplacé vers les produits immobiliers de moyen et haut de gamme.
Enfin, les OST (organismes sous tutelle du ministère de l’Habitat) n’ont pas encore réalisé le bilan de la campagne d’été. Mais, déjà des retombées positives ont été observées.
