Affaires
La CTM se lance dans le TIR
Une nouvelle filiale dédiée à cette activité sera créée n Elle disposera d’un parc de 25 camions
Des partenariats seront conclus avec des opérateurs européens.
La diversification des activités de la CTM la rendrait moins dépendante de son métier historique, le transport interurbain. Les efforts déployés dans ce sens semblent déjà porter leurs fruits. A fin 2002, cette branche ne représentait que 55 % du C.A. global du groupe, contre 21 % pour le transport international, 22 % pour la messagerie et
3 % pour le transport touristique.

Après la filialisation des activités de messagerie et de tourisme en 2001, la CTM confirme son orientation stratégique vers une structure de groupe de transport multimétiers. Des sources proches de la compagnie ont révélé à La Vie éco son intention de se lancer dans le TIR (Transport international routier). Certes, le métier est nouveau, mais il reste en cohérence avec ses activités de base. Pour faire les choses comme il se doit, cette activité ne sera pas gérée par un simple département.
Un investissement décidé au moment opportun
La CTM est en effet en passe de créer une troisième filiale qui aura pour challenge de tenir tête aux transporteurs européens qui raflent la majeure partie du volume transporté en provenance et à destination du Maroc. Avec un parc prévu de 25 camions et des partenariats commerciaux en cours de finalisation avec des professionnels européens de renom, elle semble déterminée à doter sa filiale des moyens nécessaires pour affronter d’égal à égal ces gros opérateurs. De même, le savoir-faire indéniable en matière de transport et l’infrastructure technique déjà existante seront des atouts déterminants que la CTM se fera fort d’exploiter pour réussir cette nouvelle aventure.
Il faut rappeler que sur les 24 000 camions chargés à l’export ayant transité en 2002 par le port de Tanger, la flotte marocaine, qui totalise un peu plus de 200 camions, ne s’approprie que 7 % des échanges avec un chiffre d’affaires de 151 MDH. Le constat est assez édifiant : le secteur demeure sous-exploité par la partie marocaine et l’acheminement de nos exportations vers l’Europe reste à l’heure actuelle tributaire des transporteurs européens.
L’investissement de la CTM est donc a priori opportun. Mais force est de relever que son timing interpelle à plus d’un titre. En effet, il intervient au lendemain de l’entrée en vigueur, en mars 2003, de la loi 16/99 adoptant la libéralisation du secteur du transport de marchandises dont le TIR. Ainsi, le cortège de mesures positives introduites par cette loi aurait l’effet tant escompté, de persuader l’un des plus sérieux investisseurs potentiels d’occuper ce créneau. A en croire les spécialistes du secteur, la structure des marges que dégage le TIR serait assez étriquée et ne se conforte qu’avec un parc de véhicules important et suffisamment exploité.
Etre moins dépendant du transport de passagers
Par ailleurs, le lancement du TIR doit être mis en relation avec le mécontentement affiché par les dirigeants de la CTM depuis quelque temps. Ces derniers accusent l’Etat d’avoir rompu ses engagements pris lors de la privatisation de leur compagnie. Ils lui reprochent de continuer à concurrencer la compagnie sur ses deux métiers principaux (transport de voyageurs et messagerie) à travers Supratour, filiale de l’ONCF, et Barid Al Maghrib avec son service Amana. L’autre plainte concerne le laxisme de l’Etat vis-à-vis du transport interurbain livré à l’anarchie entretenue aussi bien par un marché informel (transporteurs sans autorisation) que par une nébuleuse formelle composée de structures archaïques pratiquant une concurrence déloyale.
La diversification des activités de la CTM la rendrait donc moins dépendante de son métier historique, le transport interurbain. Les efforts déployés dans ce sens semblent déjà porter leurs fruits. A fin 2002, cette branche ne représentait que 55 % du chiffre d’affaires global du groupe, contre 21 % pour le transport international, 22 % pour la messagerie et 3 % pour le transport touristique.
Mais s’il est évident que la CTM prendra de l’envergure avec ce nouveau projet, le virage stratégique qu’elle imprime à son évolution ne sera pas une partie de plaisir si l’on sait qu’à l’échéance 2010, le niveau de la concurrence risque de s’exacerber avec l’entrée en lice des grands professionnels européens du TIR.
