Carrière
Comment faire face à la rumeur
Malaise, effritement du lien social, désolidarisation, perte de confiance ou encore déstabilisation, la rumeur peut laisser des traces. Le meilleur antidote contre la rumeur est d’agir en amont en mettant en place un système de veille et en communiquant régulièrement.

Une rumeur malveillante court sur vous et vous voilà sali pour toujours. Illustration, ce cadre a longtemps souffert d’une étiquette de dragueur et de soûlard. Aujourd’hui, il a du mal à se débarrasser de cette étiquette qui lui colle à la peau. «Il est vrai que j’ai abusé de la bouteille lors d’une soirée de départ d’un ancien collaborateur mais tout ce qui se dit sur moi est faux. Si jamais un malheur m’arrive dans l’entreprise, un conflit ouvert par exemple, j’aurais du mal à rebondir ailleurs», se plaint-il. Ce cadre n’est pas le seul à être pris dans la nasse de la médisance. On sait que les histoires de «coucheries» sont légion dans les entreprises, au point de détruire carrément la vie conjugale d’une personne, la carrière avec. Bref, nul n’échappe aux bruits de couloir.
Pour l’entreprise, les effets de la rumeur peuvent aussi être dévastateurs : malaise, effritement du lien social, diffamation, hausse du turnover, sabotage, désolidarisation, perte de confiance… Le plus grand danger est que la rumeur soit déclenchée par une personne considérée comme crédible. Elle «aura plus d’impact», souligne Mohamed Berhili, DG du groupe hôtelier Hapimag.
Ne jamais faire la politique de l’autruche
Cependant, une rumeur n’est pas déclenchée par hasard. Abstraction faite de la malveillance, du besoin de nuire à autrui, elle découle souvent, quand cela concerne l’entreprise, d’une incertitude. En effet, parce que les gens sont mal ou sous-informés, ils essaient eux-mêmes de trouver une réponse à leurs interrogations en diffusant de fausses nouvelles. L’erreur, c’est effectivement de minimiser les effets en se disant qu’une réaction équivaut à un aveu, explique en substance Rollande Allene, DG du cabinet Formaction.
L’idéal est donc d’apporter très rapidement des réponses claires et bien ciblées pour ne pas laisser la machine s’emballer. Pour un individu, cela peut paraître compliqué. En revanche, une entreprise est parfaitement en mesure de réagir avec prestance en apportant les preuves de l’inexactitude des informations. Il revient malheureusement à l’accusé, et à lui seul, d’apporter les preuves de sa bonne foi. Ne jamais attendre le pourrissement de la situation et jouer la transparence jusqu’au bout sont donc les meilleures attitudes à adopter.
Mais plutôt que de se défendre, le meilleur antidote contre la rumeur est d’agir en amont en s’appuyant sur une stratégie de veille, surtout pour éviter les rumeurs d’origine interne. Cela consiste, entre autres, à ouvrir des espaces de discussion qui permettront de lever les doutes. Les enquêtes de climat social constituent un outil intéressant. Mais cela ne suffit pas. Il faut communiquer, communiquer, communiquer…
