Pouvoirs
Afrique : Le Maroc soigne ses racines
En se rendant, pour la troisième fois en moins d’un an, dans plusieurs pays africains, S.M. le Roi joint l’acte à la parole pour confirmer son engagement en faveur de la coopération Sud-Sud. Les multiples accords ayant ponctué ces visites le confirment. Mais l’intérêt du Maroc n’est pas seulement économique et politique, il revêt aussi une forte dimension humaine.

a dernière tournée africaine de S.M. le Roi, en février 2014, vient consacrer un processus d’ancrage pleinement réfléchi du Maroc dans son environnement africain. Un processus entamé depuis plusieurs décennies, dont le moteur principal est le développement coopératif pour une création de valeur au niveau local et régional. Le Maroc part ainsi à la conquête d’une Afrique qui offre des opportunités d’affaires prometteuses dans des secteurs à fort potentiel de croissance, mais dans l’esprit d’un partenariat gagnant/gagnant et d’une intégration régionale renforcée et effective. L’objectif étant de développer des économies «endogènes et solidaires pour une insertion réussie en Afrique». Un nouveau monde à peine en éclosion qui appelle à une intégration économique et à des innovations qui permettront la construction de l’Afrique, le continent qui a changé de trajectoire et qui ne repose plus sur les seules ressources naturelles dans sa croissance.
Cette vision avant-gardiste pour un continent africain fort de ses atouts, plus libre et plus prospère, est clairement exprimée dans le discours prononcé par S.M. le Roi au Forum économique maroco-ivoirien à Abidjan, le 24 février 2014. Ce discours fera d’ailleurs date. Car, là où les autres ne voient que le risque, l’approche royale tend la main à l’opportunité. Et ce, dans la mesure où il met en avant l’Afrique en tant que «grand continent, par ses forces vives, ses ressources et ses potentialités. Elle doit se prendre en charge, ce n’est plus un continent colonisé. C’est pourquoi l’Afrique doit faire confiance à l’Afrique. Elle a moins besoin d’assistance, et requiert davantage de partenariats mutuellement bénéfiques. Plus qu’une aide humanitaire, c’est de projets de développement humain et social, dont notre Continent a le plus besoin». C’est la teneur du discours d’Abidjan dans lequel S.M. le Roi avait souligné que «le développement durable du continent africain exige que la créativité et le dynamisme du secteur privé se concentrent sur des domaines porteurs, comme l’agriculture, l’industrie, la science et la technologie, et le développement des infrastructures». Et d’ajouter : «Si le siècle dernier a été celui de l’indépendance des Etats africains, le XXIe siècle devrait être celui de la victoire des peuples contre les affres du sous-développement, de la pauvreté et de l’exclusion». Pour révolutionnaire qu’elle soit, la nouvelle approche ne vient pas ex nihilo.
En effet, l’implication marocaine en terre africaine n’est pas récente ou conjoncturelle, elle n’est pas non plus mue par le seul intérêt économique. C’est une marque de responsabilité du Maroc envers ces pays, dont les liens qui les unissent remontent à des siècles d’histoire. Cette responsabilité du Maroc s’illustre aujourd’hui, au-delà de la coopération économique, dans sa participation active à la résolution des conflits, principale source de déportation et d’exil, que ce soit au niveau des Nations Unies, en parrainant les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité -le cas du Mali est édifiant en ce sens- ou sur le terrain, en y envoyant des forces de préservation de la paix -comme en Côte d’Ivoire, en RDC ou récemment en République Centrafricaine.
De même que l’engagement du Maroc dans la coopération Sud-Sud ne répond pas seulement aux exigences de pacifier le présent et de lutter contre les sources d’instabilité, c’est aussi une volonté de faire partie d’un avenir dont les contours commencent à se dessiner. Dans une conjoncture mondiale de récession et de crise économique, les regards des puissances internationales se tournent désormais vers l’Afrique, la seule région où l’on enregistre encore des taux de croissance importants, où la population est jeune, le marché prometteur et le potentiel de développement énorme.
C’est là un intérêt majeur pour le Maroc de se tourner vers l’Afrique. Ce qui est effectivement le cas, puisque le Royaume est le premier investisseur africain sur le continent. Ce partenariat gagnant/gagnant est le fruit du dynamisme impulsé par les accords de coopération conclus lors des multiples tournées royales en Afrique. Et dans cet engagement affiché en faveur du «co-développement», le Maroc n’entend pas agir seul. Il ne cesse, dans ce cadre, d’attirer l’attention de ses partenaires des pays du Nord à l’importance de la coopération triangulaire (Nord-Sud-Sud) où le Royaume peut jouer le rôle de plate-forme d’échanges commerciaux grâce à ses différents accords de libre-échange et ses infrastructures logistiques, ou de hub de formation et de transfert de compétences.
Bien plus loin, conscient de l’enracinement profond de son appartenance africaine, le Maroc s’est engagé, depuis son indépendance, dans la voie du raffermissement de ses relations historiques, culturelles et de coopération avec les pays africains. La politique étrangère marocaine fut marquée, dès le début, par l’appui résolu et solidaire du Maroc à la lutte de libération des pays africains du joug colonial, et par la consolidation de l’unité africaine qui s’est particulièrement illustrée par la création de l’Organisation de l’Unité Africaine, dont le Maroc figure parmi les fondateurs. L’action diplomatique marocaine s’est assigné comme objectif stratégique de hisser la coopération avec les pays africains au niveau d’un véritable partenariat agissant et solidaire. C’est dans cette perspective que les multiples visites royales, au fil des années, dans de nombreux pays africains, ont créé une nouvelle dynamique dans les relations avec ces pays frères. Ces visites royales ont ponctué une série d’accords de coopération dans les domaines du développement économique, technique, social, culturel et humain, tels que la lutte contre la pauvreté et les maladies, l’agriculture et l’agro-alimentaire, les pêches, l’éducation et la formation, la gestion de l’eau et l’irrigation, les infrastructures de base et l’aménagement urbain, les technologies de l’information, la gestion financière et les banques.
En matière de paix et de sécurité, le Maroc fournit tous les efforts nécessaires pour contribuer à la consolidation de la paix et de la stabilité dans le continent africain. Il a toujours manifesté son soutien aux initiatives des Nations Unies pour la restauration de la paix et de la stabilité en Afrique, et met des contingents militaires à la disposition des opérations de maintien de la paix des Nations Unies dans la région. De plus, le Maroc exprime sa constante disponibilité pour contribuer aux efforts de réconciliation afin de ramener, de par sa médiation, la stabilité à travers le dialogue et la confiance.
