Culture
Soyez sympas, filmez !
Après New York, Rotterdam, Johannesburg ou encore Rio de Janeiro, l’usine de films amateurs de Michel Gondry initie jusqu’au 30 avril un public casaoui hétérogène aux joies de la création «cinématographique» et du vivre-ensemble.

Un mur barbouillé de bleu en guise d’océan, des parasols multicolores, une pelle, un ballon, un râteau… Du sable, bien sûr ! Où avions-nous la tête? Et voici planté le décor de L’Batoir Plage. Ici, à part votre maman, personne ne vous en voudra d’enfiler votre plus beau maillot de bain par 18 degrés pour tourner une scène dégoulinante de mièvrerie. Alors, ça vous dirait de vous prendre pour Michel Gondry et de réaliser votre propre remake d’Eternal sunshine of the spotless mind ? À moins que vous ne préfériez les films d’horreur, auquel cas de beaux décors bien kafkaïens de guichets d’administration s’offrent à vous dans toute leur épouvantable splendeur. Il y a aussi le café/bar pour les scénarios bavards, la ruelle glauque pour les bagarres, le triporteur pour les courses poursuites et le train pour les scènes méditatives et autres monologues introspectifs.
Moteur… Action !
C’est à la Fabrique culturelle des anciens abattoirs de Hay Mohammadi que vous trouverez cette panoplie de décors kitschissime et mignonne, marocaine jusqu’au bout des draps. Également fournie, une petite caméra, des costumes, des accessoires et l’incontournable médiateur culturel, une jeune personne formée pour vous accompagner dans cette charmante épopée cinématographique, trois heures d’écriture de scénario, de jeu, de bricolage d’effets spéciaux, de tournage et de montage. À la fin de l’expérience, vous repartez avec un joli DVD plein de faux raccords, d’éclats de rires et de mimiques saugrenues. De chouettes souvenirs à raconter en soirée ou, bien des années plus tard, à vos petits-enfants.
Mais peut-on véritablement parler d’une initiation au septième art ? Michel Gondry, le créateur de ce concept, tient à mettre les points sur les «i»: «L’usine n’est pas une école de cinéma mais une simple attraction. On y vient en famille, entre amis, en sortie scolaire et l’on s’y amuse pendant trois heures avec, en prime, la matérialisation d’une création commune», explique le réalisateur dans sa lettre d’intention, insistant sur la gratuité totale d’un concept qui, pendant quelques heures, mettrait à l’abri de la frénésie consommatrice. Et ce n’est pas tout: «Les communautés, classes sociales et générations formant le tissu social ont peu l’occasion de se croiser et encore moins de participer à des activités communes, poursuit Michel Gondry. C’est exactement ce que ce système permet. La création de ces petits films en communauté unie par le hasard des inscriptions soude des groupes complètement hétérogènes».
Un beau divertissement vous attend jusqu’au 30 avril aux anciens abattoirs. Qu’attendez-vous pour vous inscrire ?
