Influences
Agadir: La communauté française en deuil
Christine Alléon, fondatrice du Comptoir agricole du Souss, tire sa révérence après une vie marquante dans sa région d’adoption.

Christine Alléon, née Legasse, une grande figure et grande dame de la communauté française d’Agadir n’est plus. Après toute une vie bien remplie à Agadir, elle s’est éteinte en ce mois d’avril dans sa ville d’adoption à l’âge de 88 ans. Dans la région d’Agadir, les milieux économiques comme dans l’écosystème social local, elle était très connue, pour y avoir notamment fondé en 1967, avec son époux Philippe Alléon, le Comptoir agricole du Souss. Une des grandes entreprises de la région. Elle disposait déjà à l’époque d’une bonne expérience professionnelle de juriste. Native de Bayonne en France, elle s’était installée au Maroc avec ses parents en 1949. Après ses études à Bordeaux, elle était revenue à Agadir dans les années 1960, munie de son diplôme d’avocat. Son retour permet d’atteindre le nombre requis d’avocats pour créer le premier barreau d’Agadir, initié par sa mère, premier bâtonnier dans la ville.
Mariée à Philippe Alléon le 16 avril 1963 (ils se connaissent depuis l’enfance, ayant été dans la même classe à l’École Sainte-Croix), elle dut cependant enlever rapidement sa robe d’avocat. Et ce, consécutivement à l’obligation de plaider en arabe classique. Elle se reconvertit alors dans les assurances, après une formation rapide, raconte son époux. La nationalité marocaine étant devenue obligatoire pour être assureur, elle cède son cabinet d’assureur et se lance dans de nouveaux projets professionnels. Tout en élevant ses trois enfants (Florence, Christophe et Jacques), elle s’adonne alors à sa vraie passion : les plantes. Elle est à l’origine du développement du bougainvillier blanc au Maroc. Ses pépinières, à Azrou, Tikiouine, Inezgane, Khmis Aït Amira, dépassent bientôt quarante hectares, ce qui permettra d’arborer le complexe Crocoparc, à la création duquel elle a largement contribué.
Outre ses activités professionnelles, elle a aussi voué sa vie à des actions sociales et caritatives. Et ce, à travers notamment l’association Hayati, qu’elle a créée en juin 2001, avec pour mission d’accompagner les enfants et les mères en difficulté. Au cours de son parcours, elle a soutenu aussi d’autres associations (handicapés, sourds-muets) et les crèches initiées par La Fondation du Sud. Elle a fondé également le premier Lioness-club d’Agadir et a participé à la vie associative de l’Union des Français de l’étranger. Bien que menue, elle était ainsi très active.
Très attachée à son environnement et lieu de vie, elle a souhaité être inhumée à Agadir, en terre de sa seconde patrie. Les milieux d’Agadir se souviendront d’elle, comme une personne très impliquée, gaie, chaleureuse, ouverte aux autres : «son charisme n’avait d’égal que sa générosité et sa modestie», racontent ceux qui la côtoyaient.
