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Au Royaume

Réda Oulamine, avocat principal et fondateur du cabinet Oulamine Law Group

Un avocat d’affaires au Maroc,envers et contre tous. Dès sa première année universitaire en France, il s’est découvert une passion pour les Etats-Unis où il effectue des stages avant de s’y installer. A son retour au Maroc, le barreau de Casablanca lui avait refusé son inscription, mais la Cour d’appel tranchera en sa faveur.

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Oulamine Reda 2012 06 22

Etre avocat veut-il toujours dire être un grand orateur ? Avec Me Réda Oulamine, avocat principal et fondateur du cabinet Oulamine Law Group, on serait tenté de le jurer. L’homme est un tribun né. On ne sait pas s’il le doit à sa longue formation en France et aux Etats-Unis, mais il est clair, sans nul doute, que son talent et sa persévérance y sont pour beaucoup. Mais alors que ses compétences sont reconnues sous d’autres cieux, précisément dans les deux pays précités où il continue de plaider, ses pairs marocains lui avaient contesté le droit de s’inscrire au barreau de Casablanca. C’est un jugement de la Cour d’appel rendu en 2005 qui lui donne le droit d’ouvrir un cabinet qui a aujourd’hui pignon sur rue.

Il a fait de courts passages chez Mazars et au cabinet Naciri

Mais revenons sur les grands moments de la carrière de cet avocat qui assiste et conseille aujourd’hui de grandes institutions internationales. Benjamin d’une fratrie de 5 enfants, Réda Oulamine est né en 1972 à Casablanca. Si ses parents sont originaires du Maroc profond et précisément de la région d’Azrou, ils sont tous deux lettrés puisque le père est inspecteur des finances et la mère enseignante. Il fait partie de cette génération qui doit une partie de la maîtrise de la langue à la lecture assidue de BD comme Blek le roc, Zembla, Miki le ranger et autre Tintin… Le jeune n’est pas matheux pour un sous durant son parcours scolaire et c’est un bac «G» (commerce) en 1991 qui va sanctionner ses études secondaires à la Mission française.
Il part poursuivre ses études à Aix-en-Provence sans bourse, mais ses problèmes sont un tout petit peu allégés parce qu’il s’installe, au début de ses études, chez des membres de sa famille. Pour le reste, son père lui envoyait sa prime semestrielle «sans en ponctionner le moindre sou», se souvient Réda Oulamine avec grande émotion.

Il obtient sa maîtrise en droit des affaires et s’inscrit aussitôt pour un diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en droit des affaires internationales. Dès le départ, il s’était découvert une vraie passion pour les Etats-Unis où il passe des stages, chaque année, de la première année de faculté jusqu’à son DESS en 1996. Il est si brillant que les Américains lui proposent la bourse Fulbright lui permettant de poursuivre ses études à l’université de San Diego en Californie en 1997 et 1998. Il prend le temps de s’imprégner du pays qui le fascine encore aujourd’hui.

De retour au Maroc, Réda Oulamine intègre le cabinet Mazars, mais cela ne le fait pas sauter de joie, d’abord parce qu’il n’est pas sur de grands dossiers et puis avec un salaire de 10 000 DH, il est loin d’être motivé. Il y reste pourtant entre 1998 et 2000, date à laquelle il retourne aux Etats-Unis. Il s’inscrit au barreau de New York et travaille pour le compte du Cabinet Bryan Cave et Paul Wisse. Son premier salaire ? 3 000 dollars, et ce n’était qu’un début car Réda Oulamine reste au pays de l’oncle Sam jusqu’en 2004. S’il revient au Maroc, c’est parce que la santé de son père qui l’avait tant aidé se détériorait. Son installation n’est pas facile. Il a dû batailler pour pouvoir s’inscrire au barreau de Casablanca qui avait commencé par rejeter sa demande. C’est finalement en 2005 que la Cour d’appel où il avait introduit un recours lui donne raison. Il peut maintenant plaider.

Entretemps, il obtient, après quelques mois au cabinet de feu maître Naciri, le poste de conseiller juridique à l’ambassade des Etats-Unis au Maroc pour un programme finançant la réforme de la justice marocaine.
Le chef du projet l’autorise dès le départ à ne pas travailler à plein temps et  commencer à préparer son installation à Casablanca.

Il a assisté le gouvernement américain dans la création de l’APP

Il se rappelle, sourire en coin, que son premier client au Maroc lui avait fait un premier chèque de 5 000 DH. Cela n’avait rien à voir avec le premier contrat qu’il décroche avec l’américain IAG qui fabriquait des gilets pare-balles à Tanger. Bref, la chance va, enfin, commencer à lui sourire dans son propre pays et aujourd’hui son cabinet emploie six avocats et a atteint un chiffre d’affaires annuel de 5 MDH. Aujourd’hui, Me Oulamine tisse de grandes alliances avec de grandes études dans le monde.

Depuis 2007 déjà, il est partenaire de Baker and McKenzie et, un peu plus tard, celui de White and Case dont il est le correspondant au Maroc. C’est lui qui prend en charge tous les dossiers au niveau du Maroc pour le compte de ces grands cabinets en matière de conseil et de contentieux. C’est lui encore que le gouvernement américain choisit pour l’assister dans la mise en place de l’Agence du partenariat pour le progrès (APP) qui gère le programme Millenium Challenge.
Réda Oulamine ne se limite pas au droit des affaires. Il prend en charge des dossiers comme celui de Rachid Nini, directeur fondateur du quotidien arabophone Al Massae. Ce dossier s’inscrit en fait dans la continuité de son engagement militant parce qu’il est la cheville ouvrière de l’Association «Droit et justice», une organisation non gouvernementale qui assure la promotion de la primauté du droit et des droits humains au Maroc.

Me Oulamine résume son combat en quelques phrases : «Il n’est pas question de stigmatiser le barreau national, loin de là. Mais il faut bien comprendre qu’à l’intérieur de cette institution, la centaine d’avocats francophones et la petite dizaine d’avocats anglophones ont du mal à se faire entendre et quand, en 2008, j’ai essayé de poser ce genre de problème, j’ai été convoqué et rappelé à l’ordre par le corps des avocats». Récemment, Me Reda Oulamine a été nommé Yale World Fellow pour 2012 par la célèbre université américaine. Plus qu’une récompense, il s’agit d’un nouveau challenge pour ce jeune avocat aux dents très longues.