Affaires
50% des épices vendues au Maroc proviennent de la contrebande
Les importateurs souffrent de la concurrence des produits introduits à partir du Nord et de l’Oriental. Le plus gros des importations concerne le poivre, le cumin et le paprika.

L ’Association marocaine des importateurs d’épices, de céréales et de légumineuses (AMIECL) tire la sonnette d’alarme, et pour cause! «Les produits de contrebande qui entrent par le Nord et l’Oriental envahissent le marché et ont même entraîné l’arrêt d’activité de plusieurs entreprises organisées de la place», avancent les membres de l’association. «Aujourd’hui, plus de 50% des épices sont introduits sur le marché local par des entreprises informelles d’importation implantées dans les villes de Sebta, Melillia et Nador», souligne un membre du bureau qui dénonce vivement cette concurrence déloyale. Et d’ajouter : «Durant ces deux dernières années, il nous est totalement impossible de nous positionner sur le marché en raison des prix pratiqués par les opérateurs informels. Ils vendent le kilo 1 à 1,20 DH moins cher que nous !». Toutes les épices souffrent de la contrebande, mais la plus touchée par le phénomène est le poivre, au point que, selon l’association, les entreprises structurées ont définitivement abandonné l’importation de ce produit. Aucune estimation des importations illégales n’est établie par les opérateurs.
Toutefois, les statistiques du commerce extérieur révèlent que le volume des importations se monte à 17 682 tonnes en 2010 pour une valeur commerciale de 211 MDH.
Les épices proviennent essentiellement des pays asiatiques et ceux qui sont en provenance des pays de l’Union Européenne représentent seulement 5 à 10% du total. Les principaux produits importés sont le poivre, le cumin et le paprika qui figurent parmi les épices les plus utilisées au Maroc. Pour le paprika, les opérateurs informels sont essentiellement localisés dans la région de Beni-Mellal.
Pour dénoncer l’importance de la contrebande, l’association affirme avoir frappé, durant ces deux dernières années, à toutes les portes, notamment le ministère de l’agriculture et celui du commerce, de l’industrie et des nouvelles technologies, mais en vain. Actuellement, elle planche sur une étude sectorielle et c’est sur la base des conclusions de ce travail qu’elle proposera des mesures de lutte contre la contrebande. Et la principale consiste, expliquent les importateurs, en une révision à la baisse des droits de douane qu’ils comptent soumettre au ministère de l’industrie à la fin du mois d’avril. «C’est une mesure prioritaire puisque les taxes douanières pour les épices se situent entre 60 et 82 %». Selon les représentants de l’association c’est aussi ce niveau prohibitif des droits de douane qui encourage la contrebande et l’informel. Ils s’interrogent au passage sur les raisons d’un tel niveau de taxation «sachant que le pays ne produit pas d’épices et qu’aucune protection ne s’impose de ce fait».
La baisse des droits de douane que s’apprête à demander l’AMIECL concerne aussi les légumineuses qui sont également assujetties à des droits élevés. Importées du Canada, du Mexique, de France, d’Egypte ou encorde de Thaïlande, les légumineuses sont soumises à des droits variant de 40 à 70 %. De ce fait, le marché des légumineuses (fèves, lentilles, pois chiches, haricots ou encore petits pois) est dominé par les produits de contrebande. Ici encore, les importateurs soulignent que la production nationale ne couvre pas la totalité de la consommation. En moyenne, la production globale de légumineuses a atteint, en 2010, 2,59 millions de quintaux pour une superficie moyenne de 369 000 hectares. Les légumineuses sont largement dominées par les fèves dont la production a été de l’ordre de 1,494 million de quintaux. Les pois chiches viennent en deuxième position avec 566 000 quintaux. Quant aux lentilles et pois sec, leur production respective est de 284 000 et 246 000 quintaux.
Les importations étant nécessaires pour assurer un approvisionnement suffisant du marché, il serait utile, dit-on à l’AMIECL, de réaménager les droits de douane en vue de limiter la contrebande. Selon les estimations de l’association, les importations informelles représentent aujourd’hui 80 % des ventes de légumineuses alors que les entreprises structurées contrôlent seulement 20 % du marché local.
