Diplomatie
Vidéo. Une nouvelle organisation atlantique pilotée par le Maroc et le Brésil ?
Un groupement régional unissant l’Atlantique et l’Amérique latine pour la paix, la sécurité et le développement et dont le Royaume serait l’un des deux pivots. C’est une idée lancée par l’ex-président nigérian Olusegun Obasanjo.

«Nous avons besoin d’une nouvelle organisation pour la coopération atlantique. Une organisation qui ne soit pas à vocation militaire, mais qui aura pour mission la paix, la sécurité et le développement». Ce sont les propos de l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, qui intervenait jeudi lors des Atlantic Dialogues organisés à Marrakech par le think tank PCNS.
Pour mettre au point cette organisation, le Maroc pourrait prendre le lead africain, pour le compte de l’UA, et le Brésil pourrait prendre le devant pour l’Amérique latine. C’est ainsi que cette organisation pourra voir le jour, une organisation réaliste, équilibrée et qui contribuera au développement du Sud, précise-t-il. Pour l’ancien président, l’Afrique est très courtisée depuis ces dernières années, l’UA fait partie du G28, bénéficie de l’expansion des BRICS et fait partie du Sud Global.
L’Afrique : Un continent à forte croissance
Et si le continent suscite aujourd’hui l’intérêt de la Chine par exemple, c’est qu’il réalise une croissance moyenne de 5% depuis ces 20 dernières années. Et justement, il n’y a que la Chine qui a pu dépasser cette performance. Ce qui fait de l’Afrique un choix. Le Royaume, par sa capacité d’attraction de l’investissement étranger, est cité à juste titre comme un exemple pour justifier cette option africaine. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que ce pays est aujourd’hui en phase de développer un écosystème global de production de batteries électriques, depuis la transformation des matières premières jusqu’au produit final en passant par l’industrie des composants, en partenariat avec le Maroc.
Ce n’est malheureusement pas le cas de l’Amérique latine, qui est aujourd’hui dans une phase de stagnation au point que sa croissance moyenne ne dépasse guère les 2,5%, observe Luis Osvaldo Larrea, ancien président de l’Équateur.
Certes, les pays de cette zone du monde ont pu atteindre un niveau relativement avancé en matière de développement social, d’alphabétisation, de scolarisation et d’espérance de vie, mais il semble que les grands acteurs économiques mondiaux se soient détournés d’elle.
La Zlecaf, un accélérateur
Ce qui explique justement l’intérêt de création de cette organisation Sud-Sud transatlantique dont les deux pivots seront le Maroc et le Brésil, deux pays qui sont du reste liés, depuis tout récemment, par un partenariat stratégique et dont les opérateurs économiques ne verront pas d’un mauvais œil le fait qu’ils étudient la possibilité de nouer également un accord de libre-échange.
Quand la Zlecaf, créée il y a quatre ans, sera opérationnelle, ce sera un saut majeur en avant pour l’Afrique, a souligné l’ancien chef de l’État du Nigéria. En effet, pour ses futurs partenaires, la Chine, la Russie, l’Inde ou l’Occident, traiter sur le plan formel et réglementaire avec un organe unique est bien plus simple de traiter avec 54 États de l’UA. Et l’ancien chef nigérian a répété ce chiffre deux fois, faisant allusion au nombre des États formant l’Union africaine, une manière sans détour d’exclure une certaine entité fantoche.
Évoquant cet aspect, l’ex-président équatorien a relevé, prenant l’exemple de l’Amérique latine, que le commerce international ne commence à s’améliorer que lorsqu’il y a des accords de libre-échange. Dans une déclaration (vidéo) il précise qu’«en Afrique comme en Amérique latine, les pays qui veulent se développer doivent renforcer leurs relations avec le monde développé, les États-Unis avant, la Chine aujourd’hui, le Japon et l’Europe. Le commerce intrarégional, que ce soit en Afrique ou en Amérique latine, est très limité. Notre progrès dépend de combien nous exportons vers la Chine ou vers les États-Unis. C’est un point».
L’emploi avant le social
L’autre point, poursuit-il, «c’est que l’élément fondamental pour résoudre les problèmes sociaux, c’est la création de l’emploi et non les politiques sociales qui en sont un complément. La création d’emplois passe par la croissance économique et non à travers les investissements nationaux et étrangers. Le pays qui crée des emplois cesse d’être un pays pauvre. La croissance économique doit être considérée, et défendue, comme une politique sociale parce qu’elle s’attaque au premier problème des Africains et des Latino-Américains qu’est la pauvreté».
Or, conclut Luis Larrea, «réduire la pauvreté est beaucoup plus important que l’égalité sociale. L’enjeu du développement est de faire accéder tous les habitants d’un pays à la classe moyenne. Pour atteindre cet objectif, il faut une croissance de 5,8 ou 10%, et l’Afrique dispose déjà de ce potentiel. À ce rythme et dans peu de temps, le niveau de développement de l’Afrique va dépasser celui de l’Amérique latine qui, elle, croît à une cadence de 2,5% annuelle. Or, il y a 50 ans, l’Amérique latine était de loin bien plus développée que l’Afrique». L’avenir c’est l’Afrique. Et cela, le Maroc l’a compris et y a cru, il y a bien longtemps.
