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Société

Autonomisation économique des femmes : le Maroc peut mieux faire…

Plusieurs programmes sont lancés pour renforcer la présence des femmes sur le marché du travail et lutter contre leur vulnérabilité… Les résultats demeurent en deçà des aspirations.

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En dépit des actions menées au cours des vingt dernières années pour l’autonomisation des femmes, les objectifs ne sont pas encore atteints. C’est le constat établi par le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, lors de la séance mensuelle sur la politique générale à la Chambre des représentants, sous le thème de «L’autonomisation des femmes et les enjeux du développement».

Et les indicateurs attestent de la faible participation économique des femmes. Celle-ci se situant à 23,4% en 2020, elle est passée à moins de 20% une année plus tard. Une baisse qui a occasionné une perte de 13 milliards de dirhams par an en termes du PIB. Autre indicateur à retenir : six femmes sur dix ont accès à l’éducation, alors que seulement deux femmes sur dix intègrent le marché du travail. Et une seule femme sur dix perçoit une rémunération équitable pour son travail.

Et c’est en vue d’améliorer ces indicateurs que l’autonomisation sociale des femmes est fortement présente dans l’agenda exécutif, en tant qu’élément essentiel pour renforcer les principes de l’État social. En effet, dès l’automne 2021, le gouvernement a promulgué le décret relatif à la création de la Commission nationale de l’égalité des sexes. Celle-ci a adopté le cadre stratégique de la planification gouvernementale pour l’égalité 2023-2026 qui préconise un programme d’autonomisation des femmes. Il prévoit des mesures et des actions visant l’augmentation de l’activité économique des femmes à l’horizon 2026.

Pour cela, trois axes sont retenus : l’autonomisation et le leadership des femmes, la prévention, la protection et la lutte contre la violence à l’égard des femmes, la promotion des valeurs pour lutter contre les stéréotypes et promouvoir les droits des femmes en luttant contre toute forme de discrimination. Tous les ministères concernés devront arrêter les budgets nécessaires pour la mise en place des mesures dans le cadre du budget de l’année 2024.

50.000 nouveaux emplois par an dans l’économie sociale et solidaire…
Depuis le début de son mandat, le gouvernement a pris, rappelons-le, des mesures concrètes en vue de l’autonomisation économique des femmes et le renforcement du leadership féminin. Ainsi a été lancé le programme Gissr, pour un montant de 322 millions de dirhams, visant la formation et l’accompagnement de 36.000 femmes à travers le Maroc.

Ce qui permettra de renforcer leurs compétences et faciliter leur accès au travail et au financement. Selon les dernières statistiques, 38.000 demandes ont été déposées à fin juin 2023. Par ailleurs, la Charte de l’investissement prévoit des primes incitatives pour renforcer l’intégration des femmes dans le marché de l’emploi. Pour sa part, le programme Forsa a renforcé l’accompagnement des porteurs de projets.

Les femmes représentent 20% des bénéficiaires au cours de 2022. Et cette même année, l’autre programme gouvernemental, Awrach, a permis l’intégration de plus de 103.599 personnes dont 30% de femmes sur le marché du travail. En 2023, un budget de 2,25 milliards de dirhams a été alloué au lancement de la deuxième phase de ce programme.

Par ailleurs, l’approche genre a été déployée dans divers secteurs pour aider à une meilleure intégration et autonomisation des femmes. On retiendra ainsi que dans l’industrie, 43% de la main-d’œuvre est féminine. Secteur important, l’économie solidaire et sociale contribuera également à l’autonomisation économique des femmes. Il est prévu, dans ce cadre, la création annuelle de 50.000 nouveaux emplois. Ce qui permettra de porter sa contribution au PIB de 2 à 8%.

Dans le domaine social, l’extension de la couverture sanitaire et des allocations familiales à l’avenir est parmi les mécanismes les plus importants pour aider à prévenir l’aggravation de la vulnérabilité des femmes. Entre autres programmes sociaux déployés, on citera l’aide directe accordée aux femmes veuves élevant leurs enfants, aux personnes vulnérables ne pouvant payer les cotisations du régime d’assurance maladie obligatoire. Selon Aziz Akhannouch, la santé de la mère et de l’enfant est une préoccupation majeure du gouvernement.

Plusieurs actions sont menées en vue de réduire les écarts importants dans ce domaine entre les milieux urbain et rural. Pour cela, on a procédé à la modernisation de 1.400 centres médicaux de proximité, les dotant d’équipements modernes, de ressources humaines nécessaires et de services appropriés pour permettre aux femmes de bénéficier de services de planification familiale, de suivi de la santé de la mère et de l’enfant, ainsi que de la vaccination des enfants.

D’autre part, le gouvernement s’est attaqué au phénomène de l’abandon scolaire, en particulier chez les filles rurales. La généralisation de l’éducation primaire et la création des centres de «la deuxième chance» permettront la réintégration des filles déscolarisées. Ainsi, ces mesures ont permis de réintégrer 120.000 élèves dans les trois cycles d’enseignement, dont 42% sont des filles, au cours de l’année scolaire 2021-2022.