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Au Royaume

La machine à  extrémistes

Par quel cheminement pédagogique se retrouve-t-on à distinguer croyants
et mécréants sur leur mine en cours d’éducation artistique
? La touche de l’artiste est-elle meilleure quand ce dernier a procédé
à ses ablutions ?

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Dans un manuel d’éducation artistique destiné aux classes de 5e année du primaire, on appelle les élèves à différencier, par des couleurs, des illustrations symbolisant le croyant «propre, bien mis», et le mécréant «sale, en haillons»… Quel rapport avec l’art ? La touche de l’artiste est-elle meilleure quand ce dernier a procédé à ses ablutions ?
Qu’apprend-on à nos enfants aujourd’hui ? Aussi loin que je me souvienne, nos études primaires et secondaires ont été rythmées par par un «Ali va à l’école et Mina va au marché», par les Farazdaq et Jarir qui se livraient bataille à coup de vers, par maqamat Al Hamadhani ou encore par ces cours de philo qui nous ont appris le questionnement. Des clichés, certes, mais dont on pouvait arrondir les angles, l’âge aidant. Jamais nous n’avons eu à subir un endoctrinement aussi implacable.
Aussi loin que je me souvienne, il m’est arrivé de rencontrer des «mécréants» plus propres que des «croyants» et des mauvaises langues à l’intérieur des mosquées.
Alors, d’où nous viennent ces appels au racisme, à la haine, à l’exclusion et au meurtre que véhicule notre système d’enseignement ? D’où nous vient cette dichotomie qui fait que le code pénal marocain punit d’emprisonnement l’homme ou la femme adultères alors que le manuel scolaire, tout aussi marocain, appelle à leur lapidation ?
Il y a péril en la demeure. Si ces manuels – et pas seulement les manuels d’éducation islamique – sont porteurs de telles valeurs, c’est que le collectif chargé de leur élaboration, c’est que ceux qui ont apposé leur visa de conformité sont, dans le meilleur des cas, incompétents, et dans le pire, criminels. C’est que ceux qui, chaque jour, s’occupent de formater le crâne de nos enfants sont coupables.
Tout cela est à revoir !
Une réforme timide du contenu des manuels scolaires a certes commencé, qui s’inscrit dans le cadre d’une refonte globale du système d’enseignement. Mais au vu de l’étendue du mal, la modification du contenu de ces ouvrages devient LA priorité.
Et encore, changer le contenu ne suffit pas, ce sont des femmes et des hommes qui sont à l’origine de ce danger. C’est donc les hommes qu’il faudra réformer ou remplacer.
Les enseignements du 16 mai sont assez éloquents pour nous faire comprendre que toute négligence, aujourd’hui, générera, demain, les enfants de ce 16 mai . De grâce, rendez à l’école Ali et Mina