Au Royaume
Une autre CGEM
Plus que le changement d’homme, les patrons demandent une nouvelle gouvernance,
une autre façon de voir.
La nouvelle CGEM devra consacrer la rupture.
Quelle que soit l’issue du scrutin qui aura désigné le nouveau président de la CGEM, c’est un autre patronat qui devra émerger des élections de ce vendredi. Quel que soit l’élu, il devra prendre acte des changements.
La mobilisation massive qui a caractérisé le vote est un signal clair. Les chefs d’entreprises veulent avoir leur mot à dire, ils refusent que leur représentant soit désigné comme avant : entre amis et avec la bénédiction de l’Etat.
Bref, plus que le changement d’homme, ils demandent une nouvelle gouvernance, une autre façon de voir.
Les chefs d’entreprises ne veulent plus de la langue de bois, ils veulent être traités en «adultes» et exigent la concertation, le débat, l’alternance démocratique. Les chefs d’entreprises entendent également être partie prenante des grandes décisions qui, souvent, ont été prises au sein d’un clan. La base est en train de reconquérir la CGEM.
A Maroc nouveau, donc, patronat nouveau. Indépendant de tous et surtout des pouvoirs publics, sourcilleux quant à cette indépendance, défendant les milieux d’affaires de la même manière, indépendamment de leur poids relatif dans l’économie, et réhabilitant le profit et l’esprit d’entreprise.
Il est toutefois heureux de constater que, jamais dans l’histoire du syndicat patronal, la course au fauteuil présidentiel n’a été aussi passionnée et l’issue aussi incertaine. Preuve qu’il y a aujourd’hui deux candidats qui méritent tous les deux de gagner.
Si Adnane Debbagh perd, il continuera de représenter l’avenir et surtout il aura pour lui tous ceux qui ont voté en sa faveur.
Si Hassan Chami perd, ce ne sera pas un vote personnellement dirigé contre lui mais une aspiration légitime à une alternance démocratique.
Maintenant, il reste à ceux qui vont se présenter aux urnes d’agir en leur âme et conscience. De voter, non par solidarité corporatiste ou par amitié envers l’un ou l’autre des candidats, mais pour celui qui, à leurs yeux, est réellement apte à faire de la CGEM cette institution qu’ils ont toujours rêvé d’avoir.
Car, comme le disait Sigmund Freud, «on a beau rêver de boissons, quand on a réellement soif, il faut se réveiller pour boire»
