Société
Amincissement : Un business qui n’arrête pas de grossir
On ne compte plus les centres d’amincissement et en particulier dans les grandes villes. A Casablanca, par exemple, on en trouve une centaine. Les femmes constituent 95% d’une clientèle âgée de 18 à 50 ans.
Le prix d’une cure se situe entre 8 000 et 12 000 DH.

Affinement de la silhouette, remise en forme ou relaxation. Une tendance mode devenue un véritable phénomène de société. Même si les hommes s’y sont également mis, ce sont principalement les femmes qui sont concernées. La tendance est donc à la minceur, le corps parfait et le bien-être. Elle est accentuée par une pression sociale bien établie dans la société marocaine depuis le début des années 2000 : Magazines féminins, affiches publicitaires vantant la perfection du corps comme source de bonheur, de réussite et de bonne santé. Ce qui a conduit à un changement des critères de la beauté féminine. Celle-ci n’est plus liée, comme dans le temps, à l’embonpoint de la femme bien en chaire mais plutôt à la minceur et la sveltesse. Ce à quoi répondent les centres de beauté, de remise en forme, les magasins diététiques, les nutritionnistes et même les médecins généralistes.
Régimes, programmes personnalisés de minceur, compléments alimentaires, crèmes et sérums, conseils et suivis diététiques, sans oublier les machines censées traquer les bourrelets et autres amas graisseux, constituent l’essentiel de l’offre des spécialistes de la minceur. Cette large offre répond exactement aux besoins des consommateurs qui se lancent dans les régimes, l’utilisation des produits divers et n’hésitent plus à recourir aux opérations de chirurgie esthétique les plus fantaisistes.
Le marché de la minceur est bien juteux et reprend des couleurs, après les deux années de confinement durant lesquelles plusieurs centres ont mis la clé sous le paillasson. «En effet, la pandémie et le confinement ont fortement impacté notre secteur qui, au cours des dix dernières années, a enregistré une importante croissance», avance Mme Ghita Berrada du Centre Physical Minceur à Rabat. Mais depuis 2021, le secteur a compté, souligne Rihab Chouari, nutritionniste, «de nombreux investissements pour répondre à une forte demande pour faire traiter les effets du confinement sur le corps».
Sur ce marché non organisé, il est difficile de procéder à une évaluation chiffrée de l’activité, mais les professionnels retiennent une multiplication des centres d’amincissement et des ouvertures de cabinets de nutritionnistes. On notera que ce sont les grandes villes comme Casablanca, Rabat, Marrakech et Agadir qui enregistrent le plus grand nombre d’ouvertures de centres de remise en forme et d’amincissement. Une tendance largement justifiée par le niveau du pouvoir d’achat et le nombre de femmes actives. Car ce sont elles qui composent la grande partie de la clientèle du secteur. En effet, selon les centres de remise en forme, 95% des clients sont des femmes qui sont dans la tranche d’âge de 18 à 50 ans. On retiendra également que trois femmes sur dix au Maroc sont en surpoids. Elles viennent pour se débarrasser des kilos pris à la puberté, pendant une grossesse ou en période de pré ou post ménopause. Si la demande était, il y a quelques années, cyclique, coïncidant surtout avec l’arrivée de l’été ou après Ramadan, aujourd’hui les professionnels notent que les femmes ont introduit les régimes alimentaires, les massages et le sport dans leur rituel bien-être et beauté quotidien.
Des séances gratuites pour les anniversaires…
Les hommes, quant à eux, sont moins réguliers. «Plusieurs clients hommes viennent au centre, prennent un abonnement trimestriel ou parfois même annuel mais ne viennent que rarement. Ils se découragent rapidement lorsque la perte des kilos n’est pas rapide ou alors ils invoquent le manque de temps», explique le gérant de KinéVie, centre de remise en forme à Casablanca.
Que proposent les centres d’amincissement et à quel prix ? Le cœur du programme de perte de poids est le suivi alimentaire et la traque des bourrelets et de la cellulite par les massages manuels ou par machines.
La lipoactivation, qui utilise les vibrations basées sur des ultra-sons pour casser les cellules adipeuses, ou encore la pressothérapie, qui effectue des «hyperpressions» sur des zones précises du corps, et enfin le CelluM6, un appareil professionnel de palper-rouler qui repose sur l’«endermologie». Des séances dont le prix varie entre 300 et 600 dirhams. Le suivi minceur global est facturé entre 8 000 et 12 000 dirhams selon les centres. Les programmes sont suivis après un bilan préliminaire qui coûte 200 à 300 dirhams.
Les protocoles de prise en charge sont adaptés à chaque personne en fonction de son âge, de sa situation familiale, de son activité et surtout de son hygiène de vie. Certains centres proposent un coach sportif pour des séances individuelles de 60 minutes payées à 300 dirhams à raison de trois fois par semaine. «Cela aide à accompagner la personne qui doit être stimulée pour une activité sportive en vue d’atteindre son objectif de poids idéal fixé en fonction de sa taille et de son âge», explique Khaoula Mrani, jeune coach sportive qui tient à souligner que «l’activité physique est indispensable dans tout programme minceur en plus des massages et autres machines. De plus, après la cure, dont la durée varie en fonction de l’objectif fixé, il faut un suivi de maintien d’une durée de trois à cinq mois». Durant cette période, les centres proposent des contrôles de poids effectués tous les quinze jours et des massages de relaxation. Les deux premières séances de massage sont offertes et les suivantes sont facturées à 230 dirhams chacune.
Pour encourager les femmes à prendre soin de leur corps, les centres proposent des facilités de paiement et des promotions à l’occasion de l’été, des fêtes de fin d’année et de la Saint Valentin. Et pour fidéliser leur clientèle, certains centres offrent des séances gratuites pour les anniversaires. Au-delà des programmes pour la perte de poids, les centres, pour se positionner, n’hésitent pas à développer des soins spécialisés comme la prise en charge post-accouchement, le traitement anti-âge ou encore le traitement du stress. Des offres de 10 à 20 séances au tarif variant de 200 à 600 dirhams.
Le marché de la minceur s’est enrichi, depuis cinq années maintenant, d’une nouvelle offre : Des entreprises qui proposent une prestation exclusivement alimentaire après avoir effectué un bilan pour déterminer la durée et le type de régime alimentaire. Ces entreprises, au nombre de cinq, implantées à Casablanca, Rabat et Tanger livrent alors des repas prêts à consommer au tarif allant de 800 à 1 000 dirhams par semaine. «C’est une offre intéressante, car elle facilite la vie au client mais il faut reconnaître toutefois que si la qualité est bonne, la quantité, quant à elle, est réduite. Cela occasionne, lorsque la personne ne triche pas, une perte de poids rapide mais l’effet yoyo est inévitable», confie une cliente. Cette même source, accro des cures minceur, tient à souligner, qu’«après plusieurs cures qui ont certes donné des résultats, la stabilisation du poids demeure difficile. Ce qui nous amène à dire que les professionnels doivent sensibiliser à une hygiène de vie saine et la nécessité d’une activité sportive continue. C’est comme cela que l’on peut se maintenir en forme».
