Carrière
Etes-vous fait pour votre job ?
L’environnement instable des entreprises impose aujourd’hui de se préparer à changer de cap s’il le faut.
Plutôt que de se lancer à l’aveuglette, le bilan de compétences permet de connaître ses atouts réels et de mieux se vendre.
Le courage et la volonté restent toutefois indispensables pour réussir sa réorientation.

Qui n’a rêvé, étant enfant, de devenir un jour pilote, hôtesse de l’air, médecin, avocat ou star.? Ce sont les exemples de réussite ou ses propres motivations qui guident les choix professionnels. La réalité, elle, s’avère parfois différente parce que la formation suivie ou les aptitudes personnelles ne nous autorisent pas à réaliser notre rêve ou, tout simplement car, même avec les qualifications requises, le marché de l’emploi n’offre pas les opportunités espérées. Il arrive aussi qu’à une certaine étape de sa vie, on se décide à changer de voie.
Il faut apprendre à se connaître et construire un projet professionnel solide
Un cadre en ressources humaines témoigne. «Après cinq ans dans le marketing dans une multinationale, je me suis aperçu que cela ne me plaisait plus. J’ai découvert que j’avais plus d’affinités pour les ressources humaines. C’est arrivé au moment où je me suis occupé du recrutement et de l’encadrement des cadres pour notre département», confie-t-il.
C’est dans les moments d’instabilité, d’insatisfaction ou lorsque son orientation s’avère mauvaise, qu’on a besoin de faire le point sur sa vie professionnelle. Tel est le cas de Jaouad B., commercial dans une société de services. «Après quelques années dans le domaine de la finance et la comptabilité, il y a eu un coup d’arrêt dans ma progression. Je me suis senti étouffer. Il me fallait changer d’orientation, voire de métier. Aujourd’hui, le commercial m’ouvre de nouvelles opportunités qui correspondent à mes aspirations».
Jamal S., lui, n’en pouvait plus de gérer le département événementiel d’une société de communication et s’est retrouvé journaliste… par hasard. «J’étais à bout, raconte-t-il. Gérer des salons et des événements est certes passionnant, mais je n’avais plus de vie privée. Certes, le métier est gratifiant mais je ne me voyais pas y consacrer toute ma vie, à moins de créer ma propre entreprise. C’est alors que j’ai rencontré un ami qui venait de créer son journal. Je me suis lancé dans le journalisme. J’avais trouvé ma vocation.»
Dans ce dernier cas, le facteur chance a joué, mais il ne faut pas trop compter dessus si on ne veut pas se retrouver à un poste qui ne nous convient pas. Si, de nos jours, on doit de plus en plus fréquemment changer d’emploi, d’entreprise, voire de métier, compte tenu des chamboulements fréquents dans l’environnement de l’entreprise, le choix de la direction à prendre est important et… n’est pas de tout repos. Tout le monde n’a pas le courage de Jaouad B. Et, il faut bien le dire, «l’herbe n’est pas verte partout». Il faut mettre des atouts de son côté.
«Pour ce faire, il est indispensable de construire un projet professionnel solide, qui tient compte de ses aspirations et de ses aptitudes», conseille Abdelilah Jennane, directeur de l’Institut des ressources humaines (IRH). En somme, plutôt que de se lancer dans une aventure hasardeuse, mieux vaut apprendre à se connaître, comprendre ses propres réactions et ses attentes. Comment ? En faisant un bilan de compétences. «Son utilité n’est plus à démontrer aujourd’hui», souligne Habiba Mahjoub Jakani, responsable recrutement chez Manpower Maroc.
Pour ceux qui ont réussi à passer le cap, le bilan de compétences a été indispensable. C’est un outil de plus en plus prisé, sur lequel les appréciations positives sont légion : «un avis plus objectif et positif sur ma voie professionnelle», «j’ai pris conscience du décalage entre mon expérience professionnelle et mes aspirations profondes», «j’ai gagné en confiance et j’ai appris à mieux me connaître»… Tels sont les commentaires d’un certain nombre de cadres qui ont franchi le Rubicon.
Pour le directeur de l’IRH, la démarche donne la possibilité à l’intéressé de se positionner en tant qu’«offreur de compétences» plutôt que «demandeur d’emploi». Toutefois, pour les spécialistes en RH, on ne doit pas attendre les moments difficiles pour l’entreprendre. «On peut éprouver le besoin de tout remettre à plat si l’on estime qu’on a pris une mauvaise orientation après une première expérience professionnelle, tout comme on peut l’entreprendre après un bon nombre d’années si l’on souhaite redémarrer sur de bonnes bases», souligne Stéphanie David, consultante à l’IRH.
Entre 10 000 et 15 000 DH pour un bilan complet
Si l’utilité du bilan de compétences n’est plus à démontrer, il faut toutefois faire attention au choix du cabinet chargé de l’opération. Certains se vanteront de vous offrir un bilan sur mesure à partir d’une batterie de tests. Mais un vrai bilan doit, en principe, comporter plusieurs étapes (entretiens préliminaires, auto-diagnostic, travail d’inspection, élaboration d’un plan d’action) et peut s’étaler sur plusieurs séances. «Le professionnalisme du consultant est indispensable. Toute la réussite du bilan tient à son adaptation au contexte de l’individu», note M. Jennane. Pour sa part, Mme Jakani souligne que «c’est un exercice délicat où il faut, non pas secouer le candidat pour corriger ses points faibles, mais l’amener à trouver lui-même les bonnes solutions».
Le coût du bilan est quelque peu élevé. Il faut compter entre 10 000 à 15 000 DH pour une prestation complète. Si on n’a pas la possibilité de se faire rembourser à titre individuel, on peut l’intégrer dans le cadre du budget formation de l’entreprise. Reste que si le bilan de compétences permet d’identifier des pistes et de renforcer la confiance en soi, pour changer de cap, il faut également de la volonté et du courage
Un bilan de compétences permet de vous positionner en tant qu’offreur de compétences plutôt que demandeur d’emploi.
On se rend compte, parfois un peu tard, qu’on a mal orienté sa carrière et il faut alors avoir le courage de faire un bilan. Journalisme ? carrière artistique ? commercial ?… peu importe la nouvelle carrière envisagée, l’essentiel est de repartir sur de bonnes bases.
