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Culture

«Coke Studio veut réconcilier les générations et les genres de la musique marocaine»

Programme international à succès, Coke Studio débarque sur 2M dans sa version marocaine en ce début du mois d’octobre. Hamid Daoussi, compositeur et l’un des deux producteurs musicaux de l’émission, nous dévoile les desseins à long terme d’un tel programme.

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Coke Studio

Coke Studio est un programme qui a eu beaucoup de succès dans ses différentes versions. Comment est-il arrivé au Maroc ?

En effet, Coke studio est un concept qui a très bien fonctionné dans toutes ses versions, notamment pakistanaise et middle east. Pour l’anecdote, quand je regardais le programme sur la télé ou sur internet, je ressentais souvent une sorte d’envie. Je me disais qu’un Coke Studio Maroc serait forcément une réussite. Je ne nourrissais même pas le rêve d’être de l’aventure. Mais voici enfin venu le moment pour le Maroc, suite à l’engouement du monde arabe pour la musique marocaine.

Vous êtes, avec Rachid Mohamed Ali, producteurs du programme. On vous verra tout au long des six primes avec les musiciens invités. Comment avez-vous été choisis ?

Personnellement, j’ai été contacté par l’agence productrice, il y a un peu plus d’un an. Salma Chafîi, la directrice du projet, connaissait mon engagement pour la modernisation de la musique et du patrimoine folklorique marocains, mais aussi par rapport à mon expérience en tant qu’arrangeur et chef d’orchestre d’événements internationaux, où il fallait offrir une image moderne de la musique marocaine. Evidemment, le casting a été validé par le comité qui encadre Coke Studio au niveau mondial.

Dans Coke Studio, il ne s’agit pas de compétition de jeunes talents, mais de rencontres d’artistes confirmés. A quoi doit-on s’attendre ?

Il s’agit de duos d’artistes confirmés de générations et de genres différents. Coke Studio va éliminer ce gap qui existait entre les artistes. Lorsqu’un musicien ou un chanteur sénior chante avec une jeune star, il y a d’un côté comme de l’autre un échange d’énergie et d’expérience. Et surtout un respect mutuel qui en finit avec les préjugés qui existent souvent entre les différentes générations. La même chose se passe lorsqu’un chanteur de la scène moderne travaille sur le patrimoine marocain. Il y a comme un déclic et une prise de conscience de son propre héritage. Coke Studio va réconcilier et les générations et les genres de la musique marocaine. Et je crois que cela impactera l’ensemble de la scène musicale.

Ce travail-là de réarrangement demande de l’effort de la part des musiciens, mais aussi des chanteurs. Y a-t-il eu des difficultés ou des résistances de la part des artistes participants lors de ces collaborations ?

Absolument pas. Je pense que c’était un beau challenge pour tout le monde, que ce soit les musiciens ou les chanteurs. Je tiens absolument à souligner la très grande qualité de nos musiciens au Maroc. Nous avons de vrais grands artistes méconnus, bardés de diplômes et de connaissances. Quant aux chanteurs, ils étaient beaucoup plus dans le souci de bien faire que dans la résistance. Tous voulaient exceller et vivre pleinement cette expérience musicale. Vous allez découvrir autrement des artistes comme Faycal, Mehdi Nasouli, Latifa Raafat, Salma Rachid, Stati, Redouane Berhil, Rachid Beriah, Douzi, Maxim Karoutchi, Souad Hassan, Nabyla Maan, Houda Saad, Hayat Al Idrissi et bien d’autres.

Vous êtes un militant acharné de la musique marocaine. La nouvelle vague de rythmiques orientales vous frustre-t-elle ?

Je ne suis pas contre les rythmes orientaux. Je ne peux pas être contre, d’autant plus que la musique orientale m’a personnellement appris beaucoup de choses, telles que nouvelles gammes musicales, de beaux textes, mais surtout la rigueur et le respect de l’identité culturelle. C’est justement cela qui me pousse à m’attacher davantage au patrimoine musical marocain, avec ses différents instruments et ses diverses rythmiques, qui n’ont rien à envier aux autres musiques du monde. On a déjà vu le bongo, la conga, les shakers, mais pas les qraqeb ni la taarija. Notre façon de jouer sur l’oud ou le banjo n’a rien à voir avec celle d’autres régions du monde. Coke Studio est un programme international qui nous donnera l’occasion de montrer un savoir-faire unique, avec une couleur moderne et accessible.

 La première émission a eu lieu il y a quelques jours. Etes-vous satisfaits des retours du public ?

Nous avons fait du bon travail, avec des gens professionnels du domaine du divertissement, de grands techniciens et de grands musiciens. Maintenant, c’est évidemment perfectible. Coke Studio Pakistan, qui est aujourd’hui la référence du modèle, a pris 8 ans avant de s’imposer au monde. Je pense qu’avec des encouragements et de la bonne foi, la version marocaine a toutes ses chances pour réussir. On souhaite vivre autant et donner mieux !